Max PEROY
Faits divers

Métal : support privilégié par l’artiste pour sa dureté, sa rigidité et sa couleur intrinsèque. Ce sont des pièces de métal trouvées.
Son ambiant : les sons environnants issus du quotidien enregistré par l’artiste deviennent bande sonore composée dans l’espace d’exposition. Mixe de sons de balade dans la forêt, de bruit d’usines, de lieux un peu plus isolés de la vie urbaine.
Graphite : ligne grise de crayon apposée sur les surfaces de métal qui viennent figurer des scènes de faits divers. Jeu formel entre surface et trait, rapprochement des matières, même teinte, même teneur graphite.
Liquide : rapporter du fluide, un connecteur dans ses installations. Flouter l’image dessinée.
Faits divers : collecte d’images par l’artiste sur internet qui relate des faits divers et événements où les êtres vivants se retrouvent dans des situations empêchées : guerres, dégâts climatiques, catastrophes.
Point de départ de scénettes dessinées par l’artiste.
Cette notice d’éléments de travail et de recherche de Max Peroy s’ordonne et s’agence dans ces œuvres alliant un ou plusieurs principes. Il ne s’agit pas uniquement de s’adonner au tracé par la main mais plutôt de faire dessin dans la dimension d’installation.
Il s’agit d’expérimenter formellement les œuvres et d’en comprendre leurs portées : l’inscription du vivant dans son environnement. Les dessins présentent des corps humains drapés et des corps d’animaux dans des situations tragiques. Il se peut aussi que des objets, comme la voiture, se drapent également et fassent métaphore.
L’artiste réfléchit à notre rapport au monde, à cette ère anthropocène où nos actions impactent l’environnement de façon brutale : notre rapport aux corps, notre rapport aux objets. Il cherche entre autres des raisonnements dans des théories critiques qui s’attèlent à comprendre les violences silencieuses et imperceptibles comme les écrits de Juliette Volcler qui analyse le son utilisé à des fins autoritaires par l’armée ou le design sonore, les réflexions de Theo Deutinger autour du mobilier répressif tels les architectures hostiles, l’aménagement des abattoirs ou encore les murs anti migrants, ou encore la compréhension de sons animales auprès d’un expert bio-acousticien.
Sa série Faire-Corps incarne ses recherches unissant dessins sur plaque de métal et œuvre sonore. Sa pièce Maintain alive présente un dessin étrange résultant d’un mixe d’images assemblées à l’aide de l’intelligence artificielle. Il est visible à travers le medium de l’eau dont les ondes en altèrent la perception accentuant sa monstruosité. Son dernier projet consiste à ajourer des grandes plaques de métal telles des persiennes qui se dressent devant nous : un jeu de présence frontal et d’occultation.
On s’éloigne ici du trait pour laisser place à des formes sculpturales travaillées dans la matière, endroit que Max Peroy commence à expérimenter comme ce carton rempli de chute de plastique de voiture qui se trouve sous son bureau dans son atelier, dans l’attente d’un potentiel devenir.
Fabienne Bideaud
Critique d’art et commissaire d’exposition