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Axel PLANTIER

comme un bruit dans l’image

C’est comme s’il y avait un bruit dans l’image, une vibration qui à peine perceptible au début, une tâche sur la pellicule, prenait petit à petit toute la place.

Le rapprochement de la toile à la pellicule, celui de son geste au numérique pourrait paraître contradictoire. La peinture au croisement de différentes technologies s’attache à révéler une tension dans l’ordre du visible. Certains tableaux comme Truth will mess you up ou Tinnitus Rock Band évoquent une organicité et peut-être le cinéma de Cronenberg. On pourrait trouver dans la manière dont ce bruit prend toute la place, dans la palette chatoyante devient tout à coup assourdie une inquiétude. Là où Kupka au travers de ses recherches picturales avait abandonné la figuration du monde qui l’entourait pour une quête d’harmonie au sens musical du terme, le parcours d’Axel Plantier dessine un autre rapport au monde.

Ses titres sont empruntés à différentes chansons mais il dépeint une réalité sans échelle et qui ne répond à aucune géométrie.

De par la dimension de ses œuvres qu’il a même pensé à l’occasion in situ, il nous happe. L’image qu’il a longtemps travaillé par le collage, l’assemblage est devenu matière à peinture, une matière dont on ne parvient plus à sortir, à se détacher.

Il arrive un moment où l’on ne peut pas s’approcher plus près de l’image. On sait qu’elle se constitue d’un entremêlement de points rouges, verts et bleus, une trame d’impression, un écran numérique mais ce n’est pas cela que l’on voit.

L'œil ne retrouve plus son chemin. L’image bouge au-delà d’une grille de lecture ou d’un divisionnisme, elle nous absorbe.

Le travail d’Axel Plantier part souvent d’une image, d’un effet de lumière recadré mais ne s’y résout pas.

Sa manière d’appréhender la peinture à l’huile tient du processus d'acquisition du scanner. Avec le pinceau, il progresse par zones sans fixer sa composition au préalable.

Il en résulte un rapport à la profondeur singulier.

On peut identifier des plans, un fond mais faute de les identifier tout à fait on se laisse happer par les couleurs, les jeux de contrastes et de dégradés qui évoquent quelques phosphènes. Si la touche tend à s’effacer, si Axel Plantier tend à une peinture lisse, ses toiles communiquent un vertige.

Un renversement s’opère. Peut-être faut-il y voir des années d’exercice de la gravure à retourner le positif en négatif.

C’est comme si nous pouvions voir les yeux fermés ; des silhouettes, des motifs peuvent encore émerger comme dans Round and round  ou Claws Aglow mais à la manière de brûlures et finalement si proche de disparaître. 

 

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